SLUICE, le quatuor powerpop acadien, présente une leçon d’histoire, une lettre d’amour à leur patrie et un coup de poing énergique avec le nouvel album Archiviste. Écoutez ICI.
Une épopée historique de dix titres brillamment confectionnés avec des collaborateurs de renom, dont Thomas D’Arcy (The Sheepdogs, July Talk, NOBRO) à l’enregistrement, Jay Dufour (Avril Lavigne, Tokyo Police Club, Monowhales) au mixage et AA Wallace (Sleepless Nights, Cheval) à la réalisation, l’album se présente comme le plus fun que vous pourriez avoir en apprenant à propos de l’histoire acadienne de la Nouvelle-Écosse tout en vous imprégnant de votre nostalgie des années 1990 – Gin Blossoms sur du speed (mais rendez-le plus nerd).
Lancé pendant Nova Scotia Music Week à Yarmouth, NÉ et arrivant en amont d’une vitrine à Coup de Coeur Francophone à Montréal, QC ce samedi 11 novembre, l’opus englobe un spectre d’influences qui est vaste pour la formation menée par Trevor Murphy; de Weezer à Motörhead, des Ramones aux Lemonheads, de Thin Lizzy à Jimmy Eat World – tout ce qui offre une version unique de la « musique acadienne. »
Avec le soutien du Conseil des arts du Canada, Murphy, qui, de son côté artistique anglophone, dirige le groupe indie-folk Quiet Parade, s’est rendu dans son comté natal de Yarmouth, au Argyle Township Court House and Archives à Tusket, où il a creusé à travers des centaines d’années de journaux, de manuscrits, de registres de propriété, de photos et même de ses propres projets d’école primaire. Il a fait la collecte de cette information dans une série de résidences d’écriture auto-imposées dans la région, transcrivant des faits à côté des sentiments, puis les mettant en mélodies. Presque toutes les 10 chansons de l’album ont été créées de cette façon.
« J’avais envie de faire le point sur Par-en-Bas, le lieu et les villages où nous avons grandi. Il y a tout ce sous-ensemble de la culture acadienne qui est là depuis au moins 200 ans, parfois bien plus longtemps – avant la déportation – que nous ne connaissions même pas lorsque nous grandissions là-bas », explique Murphy. « J’ai trouvé cela tellement décourageant que personne n’a pris le temps de nous dire ce qu’il y avait de spécial dans cet endroit. Alors bien sûr tu veux partir. Et j’ai dû trouver mon propre chemin pour y revenir. »
Bien qu’elle sonne comme un disque culte préféré d’un groupe qui aurait fait une tournée universitaire en double-plateau avec Nada Surf et Harvey Danger au milieu des années 90, Archiviste présente les racines de l’héritage acadien dont Murphy avait eu des allusions, mais qu’il a dû creuser. L’appel et réponse à haute énergie « La sorcière de la Pointe-du-Sault » parle d’une sorcière dans le village éponyme du groupe, Sluice Point. « Madeleine« raconte l’histoire incroyablement vraie d’une femme qui a échappé à de multiples tentatives d’expulsion dans les années 1750, vivant seule de nombreuses années dans les bois de Pubnico avant de se marier en France où elle vécut jusqu’à sa mort dans sa quatre-vingtaine.
Le mid-tempo « L’année des trois huits » (ou 1888) détaille – selon les récits du journal francophone L’Évangeline – la pire année jamais enregistrée pour l’agriculture et la pêche à Wedgeport. Le banger pop-punk chargé de synths « Danse le Carême » se concentre sur un restaurant qui imposait une règle interdisant la danse au style Footloose pendant le Carême. « American Lights,« la seule chanson entièrement en anglais du disque, raconte l’histoire toujours pertinente d’un écrivain d’une petite ville qui rêvait de devenir célèbre. Et son compagnon, « Paradis sur la côte » jangly avec des instruments superposés, est une ode à la fondation de Tusket, le village central de la région, qui est sur le chemin de presque partout où vous voulez aller.
La propre expérience de Murphy dans cette collection unique de villages est tissée parmi les références historiques. Sur des chansons telles que « Le ch’monne à Cyril (Black Pond Road),« axée sur une fête de l’époque de l’école secondaire et « Carino,« en partie un narratif à propos des hommes un peu plus âgés que lui qu’il verrait « attendre au quai pour aller pêcher” pour le reste de leur vie, la géographie hyper-régionale ancre les souvenirs et fournit le cadre pour les rippers de guitare d’octane élevé qui compriment un curieux mélange d’influences – et si Weezer faisait des reprises de Motörhead? Sur le premier single « Agis comme du monde,« un accent particulier est mis sur la construction des paroles criées en vers d’appel et de réponse en utilisant des mots et des dictons familiers au dialecte distinct de Par-en-Bas (ackmode, malonne, garoche, feutchaques) – en soi une nouvelle façon de préserver la culture d’une des plus anciennes régions acadiennes du monde.
L’extrait de clôture, « Brebis dans la brume, » est une sombre ballade au piano, poussée par des cymbales tourbillonnantes et une grosse caisse lointaine, axée sur l’impact de la popularité décroissante de l’église catholique au sein de ces petites communautés. Paysages changeants, exode des jeunes et déplacements de population – « malaise rural, » comme le dit Murphy.
Bien qu’il se termine sur une note qui donne à réfléchir, Archiviste est en son cœur un document d’une partie du monde résiliente, fière et exceptionnelle dont l’histoire est peu connue. Il a fallu un groupe de rock pour trouver les appoggiatures.
« Je voulais faire ce projet pour moi et pour que les gens aient une feuille de route », explique Murphy. « Ce sont des histoires vraiment fascinantes sur ces endroits que vous n’avez peut-être jamais entendues auparavant. »
Archiviste est disponible astheure via Acadian Embassy.